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Meilleures histoires d’Halloween – Contes à faire trembler la mort

Posté par Rémi le 30 octobre 2023

Le 1er novembre approche et avec lui Halloween – la Samhain – et son cortège de citrouilles, fantômes…et d’histoires qui font peur. Quelques idées, si vous cherchez des livres de contes à faire peur…

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D’où vient Halloween ?

 

Mais d’abord…qu’est-ce que c’est que cette histoire de squelettes et d’âmes errantes ? A part une invention géniale pour avoir un bonbon ou un sort…. Des parents pressés de questions ont fait un résumé par ici, et révèlent qu’il s’agissait de la dernière nuit de l’année chez les Celtes, celle de la « Samhain » – prononcer Sah’win.

 

Mara Freeman nous en dit plus, dans Vivre la tradition celtique au fil des saisons : Samhain vient de deux mots qui signifient « fin de l’été ». Au VIIème s., il fut christianisé, et devint la Toussaint (appelé aussi Hallowmas ou Hollantide), qui commémorait les âmes des saints défunts. Elle nous parle du souffle des lutins qui flétrirait la nature, et d’une période joyeuse de réunion familiale, pour préparer l’hiver… toujours pas de squelettes en vue.

 

Pierre Dubois, en fantastique folkloriste à longue barbe, nous met sur la piste, dans L’elféméride Automne-hiver. La nuit du 31 octobre, des jeunes gens affublés de hardes envahissaient rues et chemins, et les « Masques » faisaient toutes sortes de facéties. Attendez un peu… en Marseillais, une « masque » désigne aujourd’hui encore une sorcière… Les deux seraient liées ?

 

Contes de la Mort

 

Peut-être bien…le folkloriste Claude Gaignebet établit un lien entre le masque et la figure de la sorcière. L’hiver – aux environs du 1er novembre – la terre était gelée, et il était impossible d’enterrer les morts. Que faire des corps ? Les stocker, en attendant, dans des filets, dans la toute dernière maison, tout au bout du village… dans les contes, celle de l’homme ou plus souvent de la « femme qui sait ». A la procession de la Samhain répondrait alors celle du Carnaval – le costume d’Arlequin rappelle les filets où étaient stockés ces morts sans tombe.

 

Pierre Dubois fait un recueil de ces histoires de sorcières et de mort, délicieusement illustré par Roland Sabatier. Il contient notamment l’histoire du Pukka, le lutin des tombes irlandaises…qui trouverait ses origines dans les contes indiens du Vampire. Lire aussi, pour les plus grands, en contrepoint nécessaire à la préface effrayante du recueil, Caliban et la sorcière de Silvia Federici.

 

Il est toutefois possible d’échapper à ce cycle infernal de mort dans d’atroces souffrances…c’est le message de nombreux contes où la Mort – successivement féminine et masculine – apparaît. A tout seigneur, tout honneur, la Légende de la Mort, d’Anatole le Braz, est une source infinie d’histoires à faire peur…ou à se rassurer. Ma préférée est celle de l’homme qui échappe à la mort pendant 500 ans, et que la mort rattrape avec une charrette pleine des chaussures qu’elle a usé en le cherchant. Qui de l’Ankou ou de cet homme-là est le plus effrayant ? Coop Breizh a également édité les Contes de la Mort et de l’au-delà – avec une charrette de vieux contes d’avertissement qui ne demandent qu’à être réparés par une bonne conteuse ou un bon conteur.

 

La période se prête aussi à considérer la mort autrement qu’avec une panoplie de zombi. Alix Noble Burnand a publié la Mort tout conte fait, des mots pour dire la mort : c’est l’un des meilleurs livres de contes que j’aie lus. Une vingtaine de contes de sources diverses, et quelques mots d’explication qui permettent de parler facilement du deuil avec ses proches, et offrent un soutien bienvenu dans cette période sombre.

 

 

Merveilleuse Samhain

 

 

L’arrivée des processions de toiles d’araignées d’Halloween est en réalité une évolution récente. La Samhain était avant tout une fête où l’autre monde venait visiter celui-ci, où l’on buvait et mangeait beaucoup et surtout…où l’on racontait des histoires ! C’est la fête par excellence du retour des contes merveilleux, parce que la nuit reprend le monde. Appelons-les au secours !

 

Carole Martinez a signé récemment une magnifique version illustrée de la Belle et la Bête, qui fait la part belle aux frissons. Les illustrations de Violaine Leroy y sont pour quelque chose. Cette histoire perce l’armure de défiance qui éloigne aujourd’hui des grands contes merveilleux, et vient toucher au plus juste, au cœur des peurs et des tristesses qui cèdent place aux amours et aux transformations.

 

Sur la piste de la nuit, Nathalie Léone a écrit Les cils du loup et autres contes de la nuit, qui font vibrer, voler, frissonner, réchauffer les oreilles les plus délicates. On y trouve un forgeron terrifiant, un Maître de la nuit plus rapide que l’éclair, une sorcière dans une barque de pierre.

 

A propos ! La Samhain est aussi le moment de l’arrivée de la Cailleac’h, la vieille femme de pierre, qui sautait de montagne en montagne par-dessus les bras de mer. Elle transformait les brins d’herbe en lame de glace, raconte Mara Freeman, et disparaissait au 1er février. Peut-être le moment où le Maître des brumes laissait passer un peu de lumière du soleil : à lire, pour réconforter les plus jeunes, chez Tomi Ungerer.